Fernweh (2017)

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Images extraites de livres et cadres chinés
Peinture sur verre
Dimensions variables
2017

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Dans la langue anglaise on entend régulièrement le terme homesickness que l’on traduit en français par « le mal du pays ». Pendant longtemps j’étais particulièrement sensible à cette idée sans toutefois pouvoir me l’approprier. Jusqu’au jour où j’ai découvert pour ainsi dire son antonyme – le mot allemand fernweh, composé littéralement de « loin » (fern) et « mal » (weh). Je l’emprunte comme titre de cette nouvelle série que je propose pour l’exposition de l’Association Florence. Le fait de ne pas parler allemand s’avère être un avantage car cela me permet de donner libre cours aux associations d’idées : ennui de rester sur place, inconsolable besoin de découverte, quête de changement, envie de prendre ses distances, de se mettre à l’écart, besoin de se retrouver ailleurs pour se sentir chez soi… D’ailleurs, les anglophones vont jusqu’à définir fernweh par « being homesick for a place you’ve never been ». Une belle antithèse qui me rappelle les pages arrachées des magazines dédiés aux voyages collées sur les murs de leurs chambres par mes amis russes qui n’avaient quitté le pays.

 

Je récupère donc des images provenant de diverses sources, telles Géo, National Geographic ou encore encyclopédies Ushuaïa… Je les confronte ensuite aux trames de voilages issues de mes archives familiales ou photographies réalisées lors des résidences en France ou à l’étranger qui témoignent de la survie des éléments de décoration traditionnels. Et ce malgré le fait qu’ils deviennent petit à petit désuets quand il s’agit des intérieurs citadins, les grandes métropoles adoptant de plus en plus la transparence et les jeunes générations négligeant les transitions entre privé et public. Il me semble important, à l’heure où les progrès des transports continuent à effacer les frontières, de s’interroger sur nos façons de s’approprier l’espace, de s’y projeter visuellement ou physiquement. Ces productions jouent de la dichotomie entre l’image d’un paysage inconnu et l’apposition d’un motif, familier et quelque part rassurant, faisant émerger des souvenirs d’enfance.